Page:Krudener - Valerie.djvu/113

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dent : vous m’avez bien effrayée ; vous ne m’écoutiez pas du tout. Ô Gustave ! me dit-elle avec un accent très significatif, que vous êtes changé ! «  Je ne répondis rien. « Promettez-moi, dit-elle encore, de chercher à recouvrer votre raison ; promettez-le-moi, dit-elle d’une voix attendrie, aujourd’hui, dans ce jour où vous m’avez montré tant d’intérêt. « Elle se leva, voyant qu’on se rapprochoit de nous : je lui tendis la main comme pour l’aider à marcher, et, en serrant avec respect et attendrissement cette main, je lui dis : « Je serai digne de votre intérêt, ou je mourrai. » Je m’enfonçai dans les jardins, où je marchai longtemps en proie à mille tourmens que me créoient les remords dont j’étois déchiré.




LETTRE XXI

Venise, le…

Je ne t’ai point encore parlé de cette singulière ville, qui s’élève au sein de la mer et commande aux vagues de venir se briser contre ses digues, d’obéir à ses lois, de lui apporter les richesses de l’Europe et de l’Asie, de la servir en lui amenant chaque jour les productions dont elle a besoin, et sans lesquelles elle périroit au milieu de son faste et de son superbe orgueil. La place