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Page:Krudener - Valerie.djvu/129

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moi, sans oser proférer une parole, j’élevois aussi mes mains, je baissois mes regards vers la tombe ; mon cœur étoit contrit, déchiré ; et il me sembla que je déposois mon repentir et ses supplices au pied de la croix sur laquelle le Carrache avoit essayé d’exprimer la grandeur du Christ mourant ; je voyois devant moi ce superbe tableau, foiblement éclairé par le cierge de l’enfant.


LETTRE XXV

Venise, le…

Toutes mes inquiétudes sont finies ; je ne tremble plus pour celle qui n’a été qu’un moment, il est vrai, la plus heureuse des mères, mais qui existe, qui se porte bien. Oui, Ernest, j’ai vu la sensible Valérie, mille fois plus belle, plus touchante que jamais, répandre sur son fils les plus douces larmes, me le montrer éveillé, endormi, me demander si j’avois remarqué tous ses traits, pressentir qu’il auroit le sourire de son père, et ne jamais se lasser de l’admirer et de le caresser.

Hélas ! quelque temps après, ces mêmes yeux ont répandu les larmes du deuil et de la douleur la plus amère : le jeune Adolphe n’a vécu que quelques instans, et sa mère le pleure tous les jours. Cependant elle est résignée ; mais elle a