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Page:Krudener - Valerie.djvu/128

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contre la mort. Je tordis mes mains ; je cachai ma tête en embrassant un des piliers avec une angoisse inexprimable. « Oh ! Signor, dit l’enfant effrayé, qu’avez-vous ? » Je le regardois ; il voulut s’éloigner de moi. « Ne crains rien, lui dis-je, et ma voix altérée le rappela. Je suis malheureux, mon ami, ne me fuis pas. » Il se rapprocha de moi. « Êtes-vous pauvre ? dit-il ; mais vous avez un bel habit. — Non, je ne suis pas pauvre ; mais je suis bien malheureux. » Il me tendit sa petite main et serra la mienne. « Eh bien, dit-il, vous achèterez des cierges pour la Madone, et je prierai pour vous. — Non, pas pour moi, dis-je vivement, mais pour une dame bien bonne, bonne comme toi. Oh ! viens, lui dis-je en le serrant sur mon cœur, et laissant couler mes larmes sur son visage ; viens, être pur et innocent ! toi qui plais à Dieu et ne l’offenses pas, prie pour Valérie. — Elle s’appelle Valérie ? — Oui. — Et qu’est-ce qu’il faut demander à Dieu ? — Qu’il la conserve ; elle est dans les douleurs ; elle est malade. — Ma mère est malade aussi, et elle est pauvre. Valérie l’est-elle aussi ? — Non, mon ami ; voilà ce qu’elle envoie à ta mère. » Je tirai ma bourse, où il y avoit heureusement de l’or ; il me regarda avec étonnement : « Oh ! comme vous êtes bon ! comme je prierai Dieu et la sainte Vierge tous les jours pour vous ! et avant pour… Comment s’appelle-t-elle ? — Valérie. — Ah ! oui, pour Valérie ! » Ses mains se joignirent ; il tomba à genoux. Pour