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Page:Krudener - Valerie.djvu/24

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poursuivant le rêve de fonder une religion nouvelle. C’est naturellement du premier que nous avons à nous occuper ici, sans toutefois négliger absolument les détails qui concernent le second, les excentricités de la visionnaire devant servir à expliquer certains côtés étranges de l’œuvre de l’écrivain.

Julie Victinghoff, née à Riga en 1766, fut mariée, à l’âge de quatorze ans, au baron de Krüdener, qui n’en avait pas quarante. Bien qu’à cet âge un homme ne puisse paraître un vieillard à une femme, si jeune qu’elle soit, elle le trouva trop âgé pour elle ; et l’on pourra s’en étonner quelque peu, puisque cinq ans après,à l’âge de dix-neuf ans, elle devenait la maîtresse de l’académicien Suard, qui avait atteint la cinquantaine. Quoi qu’il en soit, le désaccord ne tarda pas à se mettre entre les deux époux.

Le baron de Krüdener était ambassadeur, et son secrétaire intime conçut pour la baronne un violent amour, qu’il n’osa, paraît-il, jamais lui avouer, et qui, avec l’aide d’une phtisie, le conduisit rapidement au tombeau, si même il ne le porta au suicide. C’est du moins ce que laissa dire Mme de Krüdener, qui n’était nullement insensible à la gloire de faire des victimes. En tout cas, cette aventure flatta singulièrement son penchant à la sentimentalité et au mysticisme ; elle se plut à en faire le sujet d’un roman dans lequel elle prit le nom de Valérie, donnant celui de Gustave au malheureux jeune homme qui était mort de l’avoir