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Page:Krudener - Valerie.djvu/286

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ne le quittâmes pas d’un instant. Cependant, ’a cinq heures du matin, il y eut un grand mieux : il se sentit tout à coup plus calme ; l’oppression diminua ; ses mains seulement étoient extraordirement froides et s’engourdissoient. On les lui fit mettre dans de l’eau tiède ; ce sentiment parut lui faire plaisir. A six heures, à peu près, il demanda quel quantième du mois nous avions ; je lui dis que c’étoit le huit décembre, « Le huit ! » répéta-t-il sans rien ajouter. Puis il me demanda si je cro)’ois que nous aurions du soleil : le médecin lui répondit qu’il le croyoit, parce que le ciel avoit été très pur pendant la nuit, a Cela me feroit plaisir », dit-il. Il demanda du lait d’amande. A huit heures, il dit à Erich : « Mon ami, regardez le temps ; voyez s’il fera beau. ï> Erich revint et lui dit : « Les brouillards montent, et les montagnes se dégagent ; il fera beau. — Je voudrois bien, dit Gustave, voir encore un beau jour sur la terre.» Puis, se retournant vers moi, il me dit : « L’aumônier ne vient pas, je mourrai sans avoir accompli les devoirs de la religion. — Mon ami, dis-je, votre volonté vous est comptée par Celui devant qui rien ne se perd. — Je le sais », dit-il en joignant ses mains. Puis il se retourna encore vers moi, et me dit : « Je voudrois me lever», et, prévoyant que je m’y opposerois, il continua : «Je me sens fort bien ; je voudrois en profiter pour prier. » En vain je lui objectai qu’il prieroit dans son lit, qu’il étoit trop foible, je ne pus le