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Page:Krudener - Valerie.djvu/289

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me cherchoit de la main, et je vis qu’il ne me reconnoissoit plus. Il soupira, une légère convulsion altéra ses traits : il expira sur mon sein, une de ses mains dans celles d’Erich…




Je reprends mon récit interrompu ; j’avois besoin de force et de courage pour le continuer, j’ai encore devant mes yeux la plus triste des images, telle qu’elle me frappa en rentrant dans cette chambre d’où avoit disparu l’âme la plus tendre et la plus sublime. Je reculai d’horreur en voyant ce jeune et superbe Gustave couché dans le cercueil ; je m’appuyai contre la porte : il me sembloit que je faisois un rêve dont je ne pouvois sortir. Je m’avançai pour le considérer encore, et soulevai le mouchoir qui couvroit ses traits ; la mort y avoit déjà gravé son uniforme repos. Je le contemplai longtemps, mais sans attendrissement : il me sembloit que ma douleur s’arrêtoit devant une pensée auguste plus grande que la douleur ; et, sur ce cercueil même, je me sentois vivant d’avenir. Mon âme s’adressoit à la sienne. « Tu as eu soif de la félicité suprême, lui disois-je ; tu as détourné tes lèvres de la coupe de la vie, qui n’a pu te désaltérer ; mais tu respires maintenant la pure félicité de ceux qui vécu-