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Page:Krudener - Valerie.djvu/29

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piété, l’amour pur et combattu, les touchantes affections, et tout ce qui tient à la délicatesse et à la vertu, émeuvent et touchent plus en France qu’ailleurs. »

Après cette appréciation de Mme de Krüdener par elle-même, voyons le jugement que Sainte-Beuve a porté sur elle. En vertu d’une fiction par laquelle il se plaît à placer chaque auteur dans l’époque à laquelle il aurait dû vivre, l’éminent critique fait de Mme de Krüdener une figure du moyen âge.

« C’est (dit-il) comme une sainte qui nous apparaît, une sainte du Nord, du XIIIe siècle, une sainte Élisabeth de Hongrie, ou encore quelque sœur du grand maître des chevaliers porte-glaive,qui, du fond de la Livonie, attirée sur le Rhin et longtemps mêlée aux délices des cours, ayant aimé et inspiré les illustres minnesinger du temps, ayant fait elle-même quelque roman en vers comme un poète de la Wartbourg, ou plutôt ayant voulu imiter notre Chrestien de Troyes, ou quelque autre fameux trouvère en rime française, en cette langue le plus délitable d’alors, serait enfin revenue à Dieu, à la pénitence, aurait désavoué toutes les missions et les flatteries qui l’entouraient, aurait prêché Thibaut, aurait consolé des calomnies et sanctifié Blanche, serait entrée dans un ordre