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Page:Krudener - Valerie.djvu/30

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qu’elle aurait subi, qu’elle aurait réformé, et, autre sainte Claire, à la suite d’un saint François d’Assise, aurait remué comme lui des foules et parlé dans le désert aux petits oiseaux. »

Voilà un portrait complet et tracé de main de maître : aussi n’avons-nous voulu rien retrancher de cette longue période, dans laquelle l’illustre critique se laisse emporter, par son lyrique enthousiasme, un peu au delà de sa mesure ordinaire, et fait de Mme de Krüdener un être un peu trop idéal. Passant ensuite de l’auteur à son œuvre, Sainte-Beuve s’exprime ainsi au sujet de Valérie :

« Quand Mme de Staël, en pleine célébrité et hautement accueillie par l’école française du XVIIIe siècle, commençait à tourner à l’Allemagne, Mme de Krüdener, Allemande, et malgré la littérature alors si glorieuse de son pays, n’avait d’yeux que vers le nôtre. Dans cette langue préférée, elle nous envoyait un petit chef-d’œuvre où les teintes du Nord venaient, sans confusion, enrichir, étendre le genre des Lafayette et des Souza. Après Saint-Preux,après Werther, après René, elle sut être elle-même, à la fois de son pays et du nôtre, et introduire son mélancolique Scandinave dans le vrai style de la France… Dans Valérie, plus que chez Mme de Staël, l’inspiration germanique, si senti-