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Page:Krudener - Valerie.djvu/63

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tesse valsoient ; elles étoient presque toutes jolies, et nous nous amusions à voir leur gaieté et leur petite coquetterie villageoise. Valérie, avec sa vivacité ordinaire, a appelé ses deux femmes de chambre ; elle vouloit aussi leur donner le plaisir de la danse. Bientôt le bal a cessé, les musiciens seuls sont restés. Le comte est venu prendre Valérie et l’a fait valser, quoiqu’elle s’en défendît, ayant une espèce d’éloignement pour cette danse que sa mère n’aimoit pas. Quand il eut fait deux ou trois fois le tour de la salle, il s’arrêta devant moi. « Je serai spectateur à mon tour, a-t-il dit, Gustave, Valérie vous permet de finir la danse avec elle. » Mon cœur a battu avec violence ; j’ai tremblé comme un criminel ; j’ai hésité longtemps si j’oserois passer mon bras autour de sa taille. Elle a souri de ma gaucherie. J’ai frémi de bonheur et de crainte ; ce dernier sentiment est resté dans mon cœur, il m’a persécuté jusqu’à ce que j’aie été complètement rassuré. Voici comment je suis devenu plus tranquille.

La soirée étoit si belle que le comte nous a proposé une promenade. Il avoit donné le bras à Valérie, je marchois à côté de lui ; il faisoit assez sombre, les étoiles seules nous éclairoient. La conversation se ressent toujours des impressions que reçoit l’imagination ; la nôtre est devenue sérieuse et même mélancolique comme la nuit qui nous environnoit. Nous avons parlé de mon père ; nous nous sommes rappelé, le comte et moi, plu-