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Page:Krudener - Valerie.djvu/73

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de notre âme ; celle du monde nous fait voir une foule d’objets qui nous empêchent d’être à nous et ne nous donnent rien.

Si je pouvois observer, former mon jugement, m’amuser des ridicules ; mais je sens trop vivement pour que cela me soit possible. Si j’osois m’occuper de l’objet que je fuis, je ne me trouverois plus seul au milieu de ces rassemblemens : je parlerois à Valérie absente, et n’écouterois personne ; mais je ne puis me permettre ce dangereux plaisir, et je travaille sans cesse à en éloigner la pensée.





LETTRE XII

ERNEST À GUSTAVE
Hollyn, le…

Cette lettre, cher Gustave, t’apportera au milieu des beaux pays que tu habites maintenant les parfums de notre printemps et les souvenirs de la patrie. Oui, mon ami, les cieux se sont ouverts, des milliers de fleurs sont revenues sur les prairies de Hollyn, que nos pieds foulèrent si souvent ensemble. Que ne sommes-nous encore réunis ! nous traverserions ces vastes forêts, nous poursuivrions l’élan jusque dans ses retraites les plus cachées, mais, sans le blesser, nous le laisserions à sa sau-