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Page:Krudener - Valerie.djvu/75

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lui-même par l’expérience, appelé à cette auguste adoption par l’amitié, il voulut être ton père, et achever, dans la patrie des arts, cette éducation déjà si heureusement commencée. Mais, s’il voyoit cette même âme dévastée, ces grandes facultés anéanties ; s’il voyoit ton bonheur s’engloutir dans un terrible naufrage ; dis-moi, lui-même ne seroit-il pas inconsolable ? Encore une fois, reviens, change ta dévorante et délicieuse fièvre contre plus de tranquillité. Que dis-je ? ta délicieuse fièvre ! non, non, Gustave n’a point d’ivresse ; pour lui l’amour n’a que des tourmens, et ses félicités n’arrivent dans son sein que comme des poignards qui le déchirent.

Adieu, mon ami, je compte t’écrire bientôt et te parler d’Ida, qui, malgré la coquetterie que tu lui reproches et ses petites imperfections, ne laisse pas que d’être bien bonne et bien aimable.

(La réponse à cette lettre d’Ernest ne s’est point retrouvée.)





LETTRE XIII

Vienne, le…

Oh ! Ernest, je suis le plus malheureux des hommes : Valérie est malade ; elle est peut-être en danger ; je ne puis t’écrire, j’ai la fièvre, je sens