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Page:Krudener - Valerie.djvu/86

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échapper à la mort, que deviendrai-je dans ce pays ? Ah ! puisque ceux qui n’ont besoin que de plaisirs par cela seul ne sentent rien fortement, moi qui apporte une âme neuve et ardente, sortant d’un climat âpre, moi, je suis d’autant plus sensible aux beautés de ce ciel enchanteur, aux délices des parfums et de la musique, que j’avois créé ces délices avec mon imagination, sans qu’elles fussent affoiblies par l’habitude. Ernest, que faisois-tu quand tu me laissas partir ? Il falloit me précipiter dans les flots de la Baltique comme Mentor précipita Télémaque.





LETTRE XVI

ERNEST À GUSTAVE
H., le…

Gustave, j’ai dans ma tête une suite de tableaux et de souvenirs qu’il faut que je te communique ; ton image y a été mêlée sans cesse, et le plaisir que j’ai à t’en parler doit me faire pardonner si j’entre dans trop de détails. J’ai voulu passer la fête de saint Jean chez les parens d’Ida, où l’on est toujours plus gai qu’ailleurs. Tu sais combien de fois nous avions fait ce voyage ensemble, je voulus aussi le faire à pied. Je partis la nuit, avec mon fusil, car j’avois le projet de chasser dans