Page:Krysinska - Rythmes pittoresques, 1890.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Étaient suspendus des colliers de fausses pierres précieuses.

Pareils à des gouttes de vin et pareils à du sang, étincelaient de faux rubis — et clignotaient comme des yeux les émeraudes en verre.
Les saphirs bleus comme des flammes de punch flambaient à côté des grains de corail trop rouges et semblables aux lèvres teintées de carmin.
La turquoise en porcelaine mettait sa note mate auprès des changeantes opales ;

Et dans cette féerie de pacotille, au milieu des étoiles en doublé, et des lunes en papier d’argent mon spleen inquiet s’endormait comme un enfant malade qu’on berce.
Et j’oubliais les roses vraies, les roses, filles des bleus matins, pour ces roses artificielles.
Et pour ces lunes en papier d’argent, j’oubliais la lune amie des rêveurs qui vont par les soirs parfumés, accablés d’une incurable nostalgie.

Des faux rubis étincelants pleuvait une lumière ardente qui étourdissait.
Le pâle reflet des turquoises charmait comme un coin du ciel.
Et les émeraudes en verre faisaient songer aux énigmatiques profondeurs des flots.