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FEMMES


ARIANE



À Jean Moréas.


Trêve aux plaintes, assez de sanglots ;
Ce triste cœur est dévasté de larmes ;
Et devenu pareil à un champ de combat,
Où la trahison de l’amant —
Sous son glaive aux éclairs meurtriers —
Coucha toutes les jeunes et puissantes joies
Mortes, baignées dans leur sang.

Et parmi tes roches plus clémentes
Que l’âme criminelle de Thésée,
Sur ton sol muet, ô farouche Naxos !
Ariane s’endort
Tandis que sur la mer complice,
À l’horizon s’effacent
Les voiles blanches des trirèmes.