Page:Krysinska - Rythmes pittoresques, 1890.djvu/7

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caractère nettement et bellement poétique de votre travail. Ce travail vint à son heure : pour le juger, il faut qu’on se replace en 1882-83 époque où il INNOVAIT[1].

L’œuvre que vous nous offrez ne sera certainement pas la dernière, et l'on peut présumer qu’après avoir été des premières à ouvrir la phase instrumentive (indispensable), vous serez (ou plutôt vous resterez) une des premières à puiser dans le domaine si large, si vaste de la pensée moderne. Les poètes de ce temps sont, en effet, Madame, dévolus à une double tâche, l'une préparatoire et que je crois prête à se clore, l’autre plus durable, qui va commencer.

Car la poésie, vaincue par la prose, sa terrible rivale, semble vouloir faire effort désespéré pour reconquérir une partie de son ancienne importance. Comme tous les vieux empires elle s’est longtemps accrochée aux traditions de la gloire, aux lois et aux usages qui l’avaient faite maîtresse des Belles-Lettres et elle a fait rendre à ces choses ce qu’elles pouvaient. Repoussée de

  1. Madame Krysinska publait en effet, en 1882 et 1883, époque où la rupture des moules n'avait pas encore de partisans, des morceaux tels que « symphonie en gris », ballade, les bijoux faux, symphonie des parfums, chansons d'automne, berceuse macabre, le hibou, morceaux qui offrent la technique des vers libres préconisés en ces derniers temps, par les détails de cadence, de modulation et même de typographie qui caractérisent les essais des groupes rénovateurs ou pseudo-rénovateurs contemporains.