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Page:Kufferath - L’Art de diriger l’orchestre, 1890.djvu/11

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l’orchestre


i


La principale œuvre inscrite au programme était la symphonie en ut mineur de Beethoven.

Cette symphonie a de tout temps été l’objet d’une prédilection particulière de la part des chefs d’orchestre. C’est leur concerto à eux, le morceau à effet où l’autorité de leur bâton se peut manifester avec le plus d’éclat. Aussi ont-ils tous l’ambition de la diriger ; mieux que cela, de la diriger bien. Par son caractère dramatique, l’œuvre appelle d’ailleurs une interprétation expressive : il ne suffit pas de l’exécuter. Il y a au fond une pensée qui veut être exprimée, un sentiment poétique qui, pour être difficile à analyser et à définir, n’en doit pas moins être rendu sensible. Schumann la comparait poétiquement à un de ces grands phénomènes de la nature qui nous remplissent de terreur et d’admiration. Il existe autour d’elle toute une littérature. Philosophes et poètes se sont ingéniés à expliquer le sens mystérieux de cette saisissante composition qui s’impose également à toutes les catégories d’auditeurs. Beethoven lui-même, du reste, semble avoir voulu provoquer le commentaire ; suivant son biographe Schindler, il aurait dit en parlant du thème initial : « Ainsi le Destin frappe à notre porte. »