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l’art de diriger

celle du premier morceau, toute la symphonie est aujourd’hui encore exécutée à Paris avec plus de vivacité et d’éclat que de vigueur et de force d’expression.

En cette matière, il est d’ailleurs très difficile de dire le mot définitif. L’expression importe-t-elle plus que l’animation du tableau ? On peut discuter à perte de vue là-dessus, sans profit aucun. Ce qui paraît expressif à un public français facilement impressionnable, laisse froid un public belge, allemand ou anglais dont la sensitivité est moins subtile ; et réciproquement, ce qui passe pour fort et vigoureux auprès des publics du Nord, donne souvent l’impression de lourdeur à ceux du Midi.

Nous touchons ici à la question de nationalité dans l’art, beaucoup plus importante qu’il ne semble au regard du sujet spécial qui m’occupe, je veux parler de l’exécution orchestrale. Indépendamment des particularités de forme, des prédilections rythmiques et harmoniques propres à chaque peuple et qui résultent du tempérament, de la race, des traditions particulières de chacun d’eux, la nationalité s’accuse encore spécialement, dans l’interprétation de la pensée écrite, par un accent particulier d’où dépend en grande partie le caractère de celle-ci.

Comparez entre eux deux recueils de mélodies populaires françaises et allemandes, vous serez frappé tout d’abord par les formules rythmiques et mélodiques qui reparaissent incessamment de part et d’autre et forment en quelque sorte le type de la mélodie propre aux deux pays. Nous avons là la caractéristique fondamentale de la nationalité en musique.

Ce n’est pas tout : passons à l’exécution. Faites dire