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l’orchestre


ii


Sur ce sujet intéressant, le maëstro flamand Peter Benoit, qui a rompu plus d’une lance en faveur du nationalisme dans l’art, a énoncé des vues très justes et qui méritent d’être méditées. J’ai sous les yeux trois lettres de lui, extrêmement curieuses, où il expose toute une théorie sur le rôle de la nationalité dans l’interprétation à propos précisément de la symphonie en ut mineur[1].

M. P. Benoit estime qu’avant toute choses le chef d’orchestre doit se préoccuper de l’origine de l’auteur dont il a à diriger une œuvre ; le chef d’orchestre se renseignera, non seulement sur le caractère particulier de l’homme mais sur son éducation, sur le milieu dans lequel il s’est développé, et s’il s’est éloigné ou non des types

  1. Ces lettres sont adressées à M. Charles Tardieu, à propos d’un article que celui-ci avait publié dans l’Indépendance belge. En 1881, M. Peter Benoit était venu diriger un Concert populaire à Bruxelles et il avait fait entendre notamment la symphonie en ut mineur. Son interprétation fut l’objet d’appréciations diverses ; mais personne ne se plaignit qu’elle eût été vulgaire ou banale. C’est à propos des observations formulées relativement à sa manière de comprendre la symphonie qu’il adressa à M. Tardieu les lettres auxquelles je fais allusion.