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l’art de diriger

d’un ensemble de lieux communs imposés d’école à école par des musiciens partis de l’esthétique de Haydn et de Mozart, dont les conceptions symphoniques restent bien en deçà de l’élément passionnel et psychologique qui est dans Beethoven.

Il y a don une initiation à subir, des études littéraires à faire. Aussi rien n’est plus plaisant que de voir s’improviser chefs d’orchestre des musiciens qui s’imaginent naïvement qu’il suffit de battre plus ou moins correctement la mesure, d’observer fidèlement les nuances de piano et de forté notées dans les partitions pour accomplir leur tâche. Cette tâche, ingrate souvent, mais éminemment artistique quand elle est bien comprise, exige au contraire une éducation musicale et esthétique complète. Le maître de chapelle devrait être partout, non seulement le meilleur musicien de son orchestre, mais encore le cerveau le plus artiste. M. Benoit pense avec raison que les aspirants chefs d’orchestre, plus encore que les jeunes compositeurs, devraient beaucoup voyager, surtout à l’étranger, puisque c’est encore le moyen le plus simple de se mettre au fait des particularité musicales de chaque pays, de recueillir des données précises et exactes sur l’accentuation de la mélodie populaire, sur le caractère rythmique des danses nationales ; en un mot, de saisir sur le vif la forme primesautière de l’art de chaque peuple, laquelle se retrouve toujours plus ou moins nettement exprimée dans les compositions écrites.

Pour tout artiste intelligent, il y a d’ailleurs un intérêt constant et un haut enseignement dans la comparaison des manifestations et des expressions d’art des