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l’art de diriger


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Wagner raconte comment, dans sa jeunesse, assistant aux concerts déjà célèbres alors du Gewandhaus[1] à Leipzig, il éprouva fréquemment une profonde désillusion en écoutant, à l’orchestre, des ouvrages classiques qui, à la lecture au piano ou sur partition, l’avaient profondément ému. Puis il ajoute :

La vérité est que ces ouvrages n’étaient pas du tout dirigés au Gewandhaus ; sous la conduite du concertmeister (Ier violon) Matthæi, on les jouait comme au théâtre l’orchestre râcle l’ouverture et les entr’actes dans les pièces à spectacle… Comme on exécutait régulièrement, chaque hiver, toute la série des œuvres classiques, qui n’offrent pas d’ailleurs de bien grandes difficultés techniques, elles avaient fini par marcher avec beaucoup de

  1. Gewandhaus, halle aux draps ; il y avait dans cet ancien hôtel de la corporation des drapiers une salle en ovale d’une sonorité exquise où se donnaient déjà des concerts du temps de Mozart et de Beethoven. Celui-ci s’y fit entendre comme pianiste au début du siècle. Plus tard, l’orchestre du Gewandhaus devint plus important. Sous la direction de Mendelssohn, en particulier, les concerts de la Halle aux draps furent célèbres et, à juste titre, dans toute l’Europe. Tous les grands artistes de ce temps, Berlioz, Liszt, Schumann, Paganini, Vieuxtemps, Ernst, Servais, Mme Schumann, Mme Pleyel, la Sonntag, Mme Schrœder, Jenny Lind, etc., etc., ont passé par cette salle. Une nouvelle salle qui porte la même dénomination, a été récemment construite, l’ancienne ne suffisant plus.