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l’art de diriger

reste Wagner à quelques remarques très judicieuses sur la façon généralement admise d’exécuter les deux nuances essentielles, le piano et le forte. Pas plus que le forte soutenu, dit-il, on n’obtient aisément d’un orchestre le piano soutenu.

Les flûtistes notamment ont changé la nature de leurs instruments autrefois si doux ; ils ne cherchent plus que des effets violents. On ne peut guère leur demander de soutenir délicatement un piano, si ce n’est peut-être aux hautboïstes français, parce qu’ils ne sortent jamais du caractère pastoral de leur instrument, ou aux clarinettistes qui peuvent réaliser l’effet d’écho… Mais le vice est surtout dans la nature du piano des instruments à archet : de même que nous n’avons pas de véritable forte, de même le véritable piano nous fait défaut, les deux nuances manquent d’ampleur dans la sonorité… Le son doux dont je parle ici et le son fort et soutenu sont les deux pôles de toute la dynamique orchestrale ; c’est entre eux que doit se mouvoir toute interprétation. Qu’advient-il si l’on ne cultive ni l’une ni l’autre de ces nuances ? Quelles peuvent être les modifications de l’interprétation si les termes extrêmes de l’exécution nuancée sont confondus ?

C’est en observant strictement ces précieuses recommandations de Wagner, qu’il a été possible à M. Richter de renouveler à Bruxelles pour la symphonie en ut mineur, l’impression constatée par Wagner après sa direction de l’ouverture de Freyschütz.

Ainsi, dès le début de la symphonie, bien connue cependant de tous les artistes de l’orchestre, il interrompit l’exécution, non seulement pour obtenir la tenue prolongée du point d’orgue, mais encore pour rectifier l’accentuation rythmique du dessin initial :


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