Sans s’en douter, par l’effet d’une habitude invétérée, l’orchestre précipitait les trois croches de manière à en faire presque des triolets, à peu près ainsi :
M. Richter n’eut qu’à insister pour obtenir le rythme exact, c’est-à-dire les trois croches accentuées d’une façon égale dans le rythme binaire indiqué, tout en faisant légèrement sentir le temps levé de la première croche.
Ce détail paraît insignifiant et bien peu de chefs d’orchestre y portent leur attention. C’est cependant de la stricte accentuation de ce rythme que dépend la clarté de tout le développement du thème. Lorsqu’après les deux longues tenues, le quatuor commence l’exposé de la première mélodie principale sur le même dessin rythmique, cette mélodie demeure inintelligible si les croches ne sont pas marquées avec une correction absolue.
L’orchestre bruxellois avait d’abord joué ce début selon la tradition généralement répandue et qui consiste à scinder, en un groupe, les trois brèves du dessin rythmique initial, ce qui donne à peu près l’effet suivant :
Les violonistes abrégeaient légèrement la valeur de la croche initiale de chaque groupe, comme par une sorte de respiration, au point d’en faire presqu’une double croche. C’est ainsi que cela s’entend partout.