et que l’on diminue tour à tour le son ; les traits les plus insignifiants sont ornés d’accents pathétiques hors de proportion avec leur importances ; bref, c’est d’un bout à l’autre une préciosité inutile, une recherche lassante de petits effets dont certainement jamais l’auteur ne s’était avisé.
Que de fois, en France et en Belgique, n’ai-je pas entendu l’andante de la symphonie en ut mineur interprêté de la sorte avec toutes sortes d’intentions délicieuses qui n’y sont pas.
À la répétition, sous M. Richter, violoncelles et altos se conformant consciencieusement aux traditions reçues avaient bravement commencé ainsi :
avec des alanguissements et des vibrations sur chaque
note détachée, des sforzatos et je ne sais quelles nuances
infinitésimales rappelant la détestable manière de chanter
de certains artistes d’opéra qu’on voit se pâmer à
chaque note, la bouche souriante, les yeux au ciel, la
main gauche sur le cœur, la droite scandant la mélodie
et l’offrant en quelque sorte au public comme on ferait
de petits pâtés sur un plateau.
Certaines mélodies sucrées dont la banalité ne peut se racheter qu’au moyen de pareilles habiletés de diction, se trouvent fort bien de cet intentionnisme laborieux. Mais la belle mélodie des classiques, de Bach, de Mozart, de Haydn, de Beethoven surtout, n’en a pas