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l’orchestre

sens intime de ces termes qui sont loin cependant d’être identiques. Il en est de même des termes italiens relatifs à la modification opposée du rythme, dans le sens de la rapidité : accelerando, più vivo, stringendo, etc. Stringere, resserrer le rythme, est une toute autre nuance qu’accélérer. Donner une allure plus vive, plus dégagée, plus enjouée, plus légère, est autre chose que précipiter le mouvement.

Autrefois ces multiples nuances importaient peu dans la musique instrumentale. Celle-ci ne connaissait guère que le forte et le piano, les mouvements vifs alternant avec les mouvements lents. Elle était limitée dans ses formules et nécessairement peu variée au point de vue expressif. Il n’en est plus de même depuis que l’art musical possède les symphonies de Haydn, Mozart et Beethoven, et que l’expression dans l’orchestre s’est développée d’une façon si surprenante. Il est grand temps qu’un esthéticien minutieux et attentif détermine une fois pour toutes le sens précis et exact de ces termes italiens dénués de sens pour la plupart des lecteurs, et qui se rapportant à une musique que nous n’entendons plus, ne servent le plus souvent qu’à troubler l’exécutant, ne pouvant lui donner la notion juste de ce qu’a voulu le compositeur. Chose étrange, M. Mathis Lussy qui dans son Traité de l’expression, a semé tant d’observations judicieuses et fines sur l’exécution instrumentale, n’a pas porté son attention sur ce point et il confond lui aussi, comme des termes analogues, les expressions italiennes auxquelles nous venons de faire allusion.

Pour en revenir à Beethoven, lorsque le début de l’allegro est exécuté comme il est indiqué, pianissimo, sour-