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l’orchestre

qui émanent de lui-même. Pour ce trait fameux des basses il ne marque spécialement aucune nuance : au début du trait se trouve indiqué un simple forte : un seul fortissimo se produit après la reprise du trio, au dessin isolé des altos et des seconds violons.


\relative c'{
\time 3/8
\override Staff.TimeSignature.transparent = ##t
\override Staff.Clef #'transparent = ##t
\key c \major
\clef treble
  d8 e fis | g4
}

S’il avait voulu là quelqu’accent extraordinaire, particulièrement pittoresque ou expressif, lui si précis d’ordinaire, n’aurait-il trouvé aucun moyen de faire connaître nettement sa pensée ? Cela me paraît bien invraisemblable. M. Richter se bornait simplement à faire jouer tout ce trait des basses avec une grande fermeté de rythme et le plus d’égalité possible, mais sans la moindre apparence de lourdeur ou de rudesse. Et je crois que cette interprétation, peut-être moins pittoresque que celle de Berlioz, est néanmoins la seule vraie et, certes, la plus musicale. Tout ce passage d’ordinaire très tourmenté et médiocrement expressif dans les laborieuses exécutions qu’on nous en donne généralement, était ainsi devenu très clair, et d’autant plus caractéristique. S’il fallait absolument lui découvrir un sens poétique ou philosophique, on pourrait dire qu’il exprimait très bien, ainsi rendu, l’état de trouble, l’incertitude d’une âme ballottée entre les désirs aimés et les décisions nécessaires, hésitant entre le parti à prendre, revenant sans cesse à son aspiration vers le repos ou le bien-être (retour de la mystérieuse et interrogative mélodie du début), triomphant enfin de sa longue irrésolution en arrivant à la délivrance dont l’éclatante fanfare du finale évoque fatalement l’idée.