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l’art de diriger

de sève, voulante même dans la souffrance » dont parle le commentaire.

On remarquera les signes placés au-dessus de presque toutes le notes du thème. On les confond quelquefois dans l’exécution avec le signe du staccato ; c’est un tout autre accent que demande ici Wagner[1]. Il veut un marcato, un accent d’appui, très marqué, sur chaque note, mais sans sécheresse ; le son doit être très soutenu au contraire après avoir été vigoureusement attaqué. Le mouvement a d’ailleurs passé du 4/4 à un 6/4 un peu plus animé, chaque groupe de trois notes ayant la valeur de deux noire de la large mesure précédente. À la fin de la période nous revenons insensiblement à l’ampleur du 4/4 initial par un léger ritenuto (zurückhalten) à la dernière mesure qui ramène une rentrée très adoucie (dans les cordes) du thème du Graal.

« À la promesse de Rédemption renouvelée, la Foi répond des plus douces hauteurs » nous dit le commentaire. Et en effet voici le thème de la Foi, chanté, murmuré presque par les flûtes et les cors, puis par les instruments à cordes. Il se répète ainsi quatre fois de suite dans différentes tonalités, en passant par toutes les familles d’instruments, d’abord très doux, très soutenu, très lié, puis de nouveau fortissimo dans les cuivres, (cette fois, dans la mesure de 9/4), avec prolongation de certaines notes, sur l’accompagnement du tremolo des cordes ; enfin, pour la quatrième fois, de nouveau très doucement, dans les instruments en bois.

  1. Je dirais volontiers de ces notes si fortement scandées qu’elles doivent être affirmées chacune comme un dogme.