Page:Kufferath - L’Art de diriger l’orchestre, 1890.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
l’orchestre

Grâce à ces nuances (quand elles sont bien observées), et à la diversité de l’instrumentation, cette belle phrase change d’expression à chaque répétition, tantôt énergique et farouche, tantôt enveloppante et pleine de caresses, ou mystérieuse et mystique, selon qu’elle est lancée par les cuivres, dite par les cordes ou chantée par les bois.

Revenons au commentaire de Wagner :

Alors, encore une fois, du tressaillement de la solitude s’élève la plainte de l’aimante compassion : l’angoisse, la sueur sacrée du mont des Oliviers, la divine souffrance du Golgotha ; – le corps pâlit, le sang coule, s’échappe et brille avec une céleste lueur de bénédiction, répandant, sur tout ce qui vit et souffre, la joie de la Rédemption par l’Amour. À lui qui, – terrible repentir du cœur ! – doit se plonger dans la vue divinement expiatoire de la tombe, à lui, Amfortas, le gardien souillé du sanctuaire, nous sommes préparés : y aura-t-il à sa cruelle souffrance d’âme une rédemption ? Une fois encore, nous entendons la promesse et – nous espérons.

L’aimante compassion, c’est le premier thème, le motif de la Pâque qui, sur le tremolo extrêmement sourd des cordes, est répété trois fois de suite en montant du ton de la à celui d’ut bémol puis de ré dièze, d’abord par les instruments en bois, puis par les violoncelles, enfin par les clarinettes ; seulement cette fois, Wagner forme avec la conclusion un thème nouveau :


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \clef treble
  \key lab \major
  \time 4/4
  \override Staff.TimeSignature.transparent = ##t
    \partial 8*3 sol4 lab8 | sol4 do,8. re16 mib2 |
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    {  \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
}
\header { tagline = ##f}

Ce dessin est répété plusieurs fois, avec un accent de plus en plus pathétique, surtout quand il passe aux altos et clarinettes qui mènent la phrase jusqu’à sa conclusion. On ne saurait ici demander aux solistes assez