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Page:Kufferath - Tristan et Iseult, 1894.djvu/33

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même s’en désintéresser un moment. Au mois de mai, Liszt lui donne le conseil de s’entendre avec le théâtre de Praque[1], à défaut de celui de Carlsruhe ; et il ajoute : « N’abandonne pas ton Tristan, il te ramènera bientôt victorieux vers ton Siegfried. »

À quoi Wagner répond, le 28 juillet suivant, de Zurich :

« J’ai terminé l’esquisse du deuxième acte ; ce qu’il en adviendra, le développement le montrera… Mais le sort de mes ouvrages, même de Tristan, m’est de nouveau complètement indifférent ; où,

  1. Il y eut, en effet, des pourparlers à cette époque entre Wagner et le directeur du théâtre de Prague, M. Thomé. Ce dernier avait fait répandre le bruit que l’auteur de Tannhæuser écrivait un nouvel ouvrage spécialement pour le théâtre de Prague, dont le public était depuis longtemps familiarisé avec le nom de Wagner et avec ses œuvres. Wagner protesta assez vivement contre ce bruit et menaça même de publier sa protestation, si l’on n’y coupait court. Dans une lettre du 26 décembre 1858, à M. Apt, président du Cæcilienverein, il écrit ceci : « Si le directeur Thomé veut offrir une œuvre de moi qui soit inconnue au public de Prague, qu’il donne Rienzi, qui vient d’être repris avec un si vif succès à Dresde ; vous m’obligeriez beaucoup si vous pouviez le décider à demander la partition au directeur des chœurs et régisseur du théâtre de Dresde, Wilhelm Fischer. Je demande comme honoraires trente louis d’or ; au besoin, je me contenterai de vingt-cinq louis. » Mais M. Thomé se fit tirer l’oreille, il voulait absolument Tristan. Wagner répondit (15 octobre 1858) à M. Apt que c’était impossible. « Si M. Thomé se décide pour Rienzi et m’assure de bons honoraires, je lui donne volontiers l’assurance que la représentation de Tristan à Prague ne sera précédée que de la seule première exécution que je pourrai diriger moi-même, et, comme je ne pourrai obtenir la faveur de rentrer en Allemagne pour quelque temps dans ce but que grâce à l’intercession du grand duc de Bade, je dois à celui-ci de faire représenter Tristan