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Page:Kufferath - Tristan et Iseult, 1894.djvu/34

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quand et comment on le jouera, peu m’importe, pourvu que je puisse assister à l’exécution. »

Une singulière disposition d’esprit se trahit à ce moment dans toutes ses lettres. Il est mécontent, il est inquiet, son avenir le préoccupe, il voudrait une certitude, quelle qu’elle fût ; mais où la trouver ? Chaque jour de son existence, comme il dit plaisamment, dépendait d’un billet de loterie, favorable ou non.

Une période de calme et de sécurité semblait s’être ouverte pour lui, lorsqu’au début de 1857, M. et Mme Wesendonck, avec lesquels il s’était intimement lié depuis 1852[1], avaient mis à sa disposition un joli pavillon, depuis appelé « Villa Wagner », attenant à la grande propriété qu’ils

    d’abord à Carlsruhe. Si je puis ensuite me rendre à Prague, je suis tout disposé à aller préparer l’exécution dans cette ville, où j’ai tant d’amis qui me sont chers. » Cependant, M. Thomé revint encore à la charge deux ans après. Wagner écrit à ce propos à Apt, le 24 avril 1861 : « Le zèle de M. Thomé me touche beaucoup. Malheureusement, il ne semble pas se rendre un compte exact des difficultés et des conditions d’une exécution de mon nouvel ouvrage. J’espère pouvoir donner en septembre (à Carlsruhe), avec le concours des meilleurs chanteurs d’Allemagne choisis par moi, une représentation modèle de Tristan ; l’année prochaine, j’en ferai autant pour le Rheingold. Après ces exécutions modèles, mes nouvelles œuvres iront tout d’abord aux théâtres dont les directeurs et régisseurs auront personnellement assisté à ces représentations. C’est une question de principe. M. Thomé ne pourra se plaindre d’avoir été moins favorisé que d’autres. »

  1. Voir la lettre de Wagner à son ami Uhlig, du 26 février 1852 : « Quelques nouvelles relations se sont imposées à moi ; elles me laissent assez indifférent quant au côté masculin, moins du côté féminin… »