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Page:L'Écho des jeunes, Novembre 1891.djvu/15

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L’ÉCHO DES JEUNES

Ah ! Gontran est aujourd’hui sous-lieutenant de dragons ; il a une fringante moustache brune, un long sabre, des bottes avec des éperons, et, dans les liaisons faciles des villes de garnison, il a dû oublier depuis longtemps sa cousine Marguerite.

Songe-t-elle au jour charmant de son mariage, à cette journée d’émotions délicieuses où tout était joie et tendresse autour de l’épousée, à ce moment si redoutable où, dans la chambre nuptiale, — elle déjà couchée dans le grand lit dont les mousselines et les dentelles rendaient plus captivante sa beauté blonde — son mari, encore en habit noir, s’était agenouillé auprès d’elle et avait couvert ses yeux que la peur tenait clos de baisers si troublants ?

Eh bien, non ; Marguerite ne pense ni à son enfance pleine de chers souvenirs et de douces souffrances, ni à sa vie de jeune fille calme et unie comme les lacs des pays enchantés, ni au jour de son mariage où tout était joie et tendresse autour d’elle : Marguerite songe simplement à l’humble poète qui, certain soir, entre une valse et un quadrille, écrivit sur son carnet de bal à coins d’argent un adorable sonnet d’amour.


Gaston Rennes.