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Page:L'Écho des jeunes, Novembre 1891.djvu/9

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L’ÉCHO DES JEUNES

l’écroulement des étoffes chatoyantes, la rutilance de draperies pourpres saignant à ses flancs éburnéens, laisse étinceler l’orient merveilleux de ses dents, dont la cruelle blancheur attire. Elle s’attarde ainsi, muette, presque dédaigneuse, encore qu’énigmatique, et surtout charmeresse incomparable.

— Et lui « Ô Femme, méchante, insensible, et rebelle à mes prières, je voudrais te haïr, car je t’aime, hélas ! à mourir… et un de tes regards glauques me désarme. Devant ton impassibilité d’idole, il me vient des désirs fauves de brute : il me semble que ce me serait une âcre et forte jouissance de déchirer tes membres frêles, d’épandre sur le satin de tes chairs un peu de ce rubis qui est ton sang ; et, enroulant les tresses nombreuses de tes cheveux resplendissants autour de mon poignet, de te traîner sur les tapis tièdes, demi-nue, hurlante, martyrisée par une agonie lente, dont je m’éjouirais…

— « Mais ces folles colères s’apaisent, à la seule vue de Toi. Ah ! quels sortilèges, quels invisibles maléfices me font donc entendre parler ton cœur vide, ton froid, ton implacable cœur, alors que se tait ta bouche menteuse, et que l’écarlate silencieux de tes lèvres semble m’être d’un bienveillant accueil ? Ne sens-tu donc pas que je souffre… et de quelles tortures, Dieu ! »


Or, des larmes vinrent
aux yeux…


III


Qu’elle effaça pieusement,
de ses doigts roses…


— Avec des mouvements gracieux, semblant des envolées d’ailes blanches, elle caressa les paupières meurtries, qui bientôt demeurèrent baissées, se laissant clore