— Comme tu es fou, Stéphane, tu ne reconnais pas ton père.
Stéphane le fixa encore une fois, puis il se jeta à son cou, il l’avait reconnu.
— Oh ! pardonnez, mon père, pardonnez, c’était un rêve ; pourtant non, je l’ai bien vu, n’est-ce pas qu’il est venu, il a voulu me tuer parce que j’aime sa fille, le scélérat !
— Tu te trompes, Stéphane, personne n’est venu excepté moi.
— Ne le laissez pas entrer, mon père, c’est un brigand, maître Jacques !
— Je parle, continua Stéphane en regardant au fond de l’appartement et en montrant du bout de son doigt, je parle de celui qui était là il n’y a qu’un instant, de maître Jacques, le père d’Helmina.
Stéphane tomba épuisé dans les bras de son père.
Émile et Magloire le transportèrent doucement sur son lit ; son repos fut assez paisible.
— Mon cher Émile, dit M. D… croyez-vous à des suites dangereuses pour sa santé ?
— Il n’en sera rien, j’espère, monsieur, si toutefois Stéphane sait modérer sa douleur et prendre un peu plus sur lui.
— Pauvre enfant !… mais dites-moi, quel est ce maître Jacques dont il me parlait ? Sans doute un homme qu’il se figurait ?
— Je vais vous raconter cette histoire en peu de mots, dit Émile en parlant le plus bas possible. Il y a environ quinze jours, Stéphane rencontra une jeune fille dont il devint amoureux, sans même connaître sa famille et sa naissance. Nous avons fait ensemble beaucoup de perquisitions à cet égard, et ce n’est qu’aujourd’hui que votre fils a appris que son amante est la fille d’un brigand nommé maître Jacques.
— Le malheureux ! « s’enmouracher » d’une pareille fille !