Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/108

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poltron, dit Mouflard avec un air de plaisanterie offensante.

— Silence, pendards de « va-nu-pieds », ou je vous brûle, dit maître Jacques, qui s’était masqué et déguisé horriblement afin de pouvoir être présent à l’affaire sans être reconnu.

— Vous voyez ben qu’vous vous êtes trompées, peureuses, dit Madelon en se remettant au lit.

— Oh ! oui, dit Julienne, ce n’est rien.

Helmina, quoique peu rassurée, fut obligée de faire comme elles ; mais elle ne dormit pas.

— Les voilà endormies encore une fois, dit maître Jacques à voix basse, écoutez-moi. Aussitôt que la porte sera enfoncée, Bouleau et Mouflard s’empareront chacun de leur brassée ; et toi, Lampsac, tu feras semblant de retenir Maurice, car lui aussi jouera son rôle avec nous ; mais si par hasard tu t’apercevais qu’il veut le jouer tout de bon, c’est-à-dire faire le métier de traître, fais-lui goûter de tes « dragées ». Quant à Madelon, je m’en charge : allons, êtes-vous prêts ?

Les brigands firent un signe affirmatif.

Arriver sur le perron, enfoncer la porte et empoigner les jeunes filles, fut l’affaire d’un instant ; tellement que Madelon crut en être quitte pour avoir été serrée, un peu brutalement à la vérité.

Aussitôt que les voleurs furent partis, elle appela Helmina et Julienne… Point de réponse !…

Elle se leva, alluma sa lampe, et gagnant leur chambre, elle trouva les lits vides… les jeunes filles n’y étaient plus.

À cette vue la pauvre Madelon se sentit écraser malgré elle, et tomba à la renverse sur le parquet… Elle était évanouie…

Les brigands s’étaient déjà rendus à l’entrée du bois du Cap-Rouge ; ils avaient déposé pour un instant leur fardeau sur les feuilles.

Helmina était muette et inactive ; pas une parole, pas une larme.

Sa malheureuse compagne Julienne, poussait, par intervalles, des sanglots entrecoupés, et mur-