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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/114

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LA FILLE

— Mon Dieu, dit Helmina, que faire ?

— Que faire ? oh ! Helmina, dites-moi que vous m’aimez, que vous serez ma fiancée. Dites-le-moi, aimable fille, je vous en conjure, et je ferai tout pour vous.

Et maître Jacques voulut s’appuyer la tête sur ses genoux ; Helmina se leva en le repoussant.

— Est-ce pour abuser de ma position, monsieur, dit-elle avec un air imposant que vous… ?

— Non, Helmina, non, mais je vous aime…

— Eh bien, dit Helmina en prenant un sang-froid et un ton de sévérité qui ne lui étaient pas naturels, sachez que je ne puis vous aimer, moi.

— Ingrate, dit maître Jacques en changeant de ton et en versant des larmes, ingrate, vous oubliez donc tout ce que j’ai fait pour vous ; vous oubliez que vous me devez tout ? Mais que dis-je ? non, Helmina, votre cœur n’est pas capable d’ingratitude ; jamais je ne pourrai le croire.

— Écoutez, monsieur, dit Helmina touchée jusqu’aux larmes, ma reconnaissance pour vous est sans bornes, je crois vous l’avoir prouvée plus d’une fois et je suis prête à le faire encore ; mais quant à cet amour que vous réclamez, monsieur, encore une fois, mon cœur s’y refuse et s’y refusera toujours.

— Et moi, dit maître Jacques en prenant un dernier moyen de la toucher, je ne pourrai jamais en aimer d’autres que vous. Vous me refusez ; adieu donc, Helmina, adieu, vous ne me reverrez jamais, jamais, entendez-vous ?

— De grâce, monsieur, ne m’accablez pas, dit Helmina en versant un torrent de larmes, je vous le répète, je ne puis vous aimer… j’aime déjà.

Puis tirant la lettre de Stéphane et la présentant à maître Jacques :

— Lisez, monsieur, dit-elle, puisqu’il faut tout vous avouer.

— Voilà donc ce que je devais craindre, dit maître Jacques en se relevant tout à coup et en reprenant sa férocité habituelle, un rival ! mille malédictions ! un rival ! Je devais m’y attendre ;