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DU BRIGAND
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irons ensemble, vous et moi, accompagnés d’un certain nombre de personnes, faire une fouille générale dans le Cap-Rouge ; on dit que c’est là le refuge de tous les brigands, n’est-ce pas, mon ami ?

M. des Lauriers l’examina attentivement.

— Oui, dit maître Jacques embarrassé ; mais il est bien probable qu’on se trompe ; il n’est pas croyable que les voleurs se tiennent si près que cela de la ville.

— Nous verrons cela ; mais avant, monsieur, quoique je ne doute nullement de votre franchise et de votre fidélité à mon égard, je crois qu’il sera nécessaire que vous me donniez des preuves convaincantes et solides comme quoi ma fille a été réellement enlevée sans que vous y ayez pris aucune part.

— Comment ! dit maître Jacques, comment vous oseriez croire ?…

— Je ne crois rien, encore une fois, je ne vous soupçonne nullement ; mais, avant d’aller plus loin, il faut que je sois certain de cet enlèvement, qui me paraît assez extraordinaire ; et votre parole, toute sacrée qu’elle peut être suivant moi, ne serait peut-être pas suffisante aux yeux d’autres personnes presque aussi intéressées que moi dans cette affaire. Ainsi donc, il vous faudra faire votre déposition devant un magistrat, ou bien me produire des témoins.

— Quant à des témoins, dit maître Jacques, je pourrai vous en donner deux bons ; et si vous n’êtes pas satisfait, je suis prêt à jurer…

— Assez, dit M. des Lauriers incapable de maîtriser plus longtemps son ressentiment, assez, M. Jacques ; je connais maintenant vos dispositions… je sais ce que vous êtes capable de faire. À quoi sert de perdre le temps inutilement ? Sachez, M. Jacques, que je connais l’auteur du crime.

— Mais vous badinez, dit maître Jacques en faisant l’étonné et en frissonnant… ce n’est pas possible !