— Tu vas nier aussi probablement, ajouta M. des Lauriers, que cette lettre contrefaite de la manière la plus infâme ne vient pas de toi ?
— Je le nie.
— C’est bien, courage ; tu n’avoueras pas non plus que tu as montré cette même lettre à Helmina, que tu l’as demandée en mariage et que tu l’as menacée, sur son refus formel, d’une mort horrible. Tu vas dire effrontément aussi que tu n’as jamais formé le projet de tuer son amant, de me tuer moi-même, si tu t’apercevais que je n’épargnais rien pour retrouver ma fille. Misérable ! scélérat que tu es ! dit M. des Lauriers avec indignation ; et tu croyais pouvoir vivre ainsi dans le crime sans jamais être reconnu ! tu croyais qu’il n’existe pas dans le ciel un Dieu tout-puissant, vengeur de l’innocence, un Dieu juste et inexorable pour punir le vice et bénir la vertu ! Prépare-toi donc à apprendre le contraire ; je vais rassembler ici devant toi toutes tes victimes ; elles-mêmes te jugeront comme tu le mérites.
M. des Lauriers se tournant du côté de la porte : Maurice, lui dit-il, faites entrer…
Maurice sortit et revint aussitôt suivi de Julien.
Maître Jacques le regarda sans rien dire. Après lui parut M. D…, Émile et Stéphane qui s’écria en voyant maître Jacques :
— Mon père, mon père, partons ; voici maître Jacques, le brigand.
— Non, non, cher ami, dit M. des Lauriers, demeurez ici.
Puis s’adressant au brigand :
— Tu vois que tu es déjà bien connu.
Maître Jacques se mordait les poings et ne disait plus rien.
— Mon cher ami, dit M. D… en serrant la main de M. des Lauriers, que je suis aise de te revoir !…
Stéphane passa de la crainte à la surprise.
— Viens donner la main au compagnon d’enfance de ton père, mon cher fils, dit M. D… viens.