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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/22

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LA FILLE

Serment d’amour, que tu me fis naguère,
S’éteindra-t-il quelque jour dans ton cœur ?
Cette promesse est-elle passagère ?
Chez toi, mon ange, amour est-il menteur ?

Espoir doré ! si l’amour n’est qu’un rêve,
Un long délire, un inquiet sommeil
Qui cesse un jour et que l’hymen achève,
Dis-moi, mon ange, est-il plus doux réveil !
Mon espoir seul, c’est un serment fidèle,
Oui, c’est l’hymen, couronne des amours,
Bonheur constant, gaîté toujours nouvelle
Qui nous enivre et nous charme toujours.


Ces vers ne sont pas précisément ce qu’on peut appeler un modèle de clarté et de virtuosité dans l’expression. L’idée y est enveloppée et flottante dans sa phraséologie, toute faite d’apostrophes. On y trouve quelquefois des soupirs au lieu d’une phrase ayant tête, corps et fin. Malgré leur gaucherie, ces vers, que tracèrent la plume novice de L’Écuyer, ne sont pas sans un certain mérite et ne manquent pas d’harmonie.

C’est sans doute à la suite d’un premier chagrin d’amour qu’il écrivit ces vers, dans lesquels il prédit sa future destinée :


Seul, ô mon ange, isolé dans la vie,
Le cœur s’endort ; pour lui, point d’avenir,
Point de gaîté, de douce rêverie ;
Il vit obscur et meurt sans souvenir.


Nous savons qu’il reprit sa gaîté, mais il resta seul, vécut sans éclat, et mourut sans laisser d’héritier de son nom.

Il n’en rêvait pas moins, à cette époque, à « l’hymen, couronne des amours ».

CASIMIR HÉBERT.

Montréal, 15 mars 1914.