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DU BRIGAND
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ce de goûter quelque repos après la marche et les fatigues d’une nuit comme celle qui venait de finir ; mais il ne pouvait chasser loin de lui l’image de la jeune fille qu’il avait rencontrée. Helmina était toujours devant lui ; il ne pouvait se dissimuler que cet intérêt qu’il lui portait comme malgré lui n’était autre chose que l’influence d’un amour naissant. Mais tout en retraçant à son esprit les charmes de la jeune fille, Stéphane ne pouvait s’empêcher de faire des réflexions bien amères sur l’ignorance où il était de son existence et de sa famille, parce qu’il savait que son père, homme rigide et orgueilleux, ne souffrirait pas qu’il vint à s’amuser à une fille de naissance obscure et de fortune médiocre. Et pourtant Stéphane était porté à croire que maître Jacques, malgré son air de respectabilité et de grandeur, n’appartenait pas à une classe bien élevée.

Voici comme il raisonnait :

Maître Jacques était en parfaite connaissance avec Mme La Troupe qui, de son côté, paraissait très familière avec lui. Maître Jacques paraissait très bien accoutumé dans l’auberge du faubourg Saint-Louis, il y venait donc souvent ; et comme Mme La Troupe ne vivait qu’avec la dernière société, comme la maison qu’elle tenait n’était fréquentée que par des misérables, il n’était pas probable que maître Jacques en eût été un des habitués, s’il eût appartenu à une classe tant soit peu respectable. De plus, maître Jacques n’entraînerait pas sa fille chez Mme La Troupe, si, comme il s’en était vanté, il n’épargnait rien pour son éducation et s’il avait tant à cœur de la bien élever.

Telles étaient, entre beaucoup d’autres, les réflexions que Stéphane faisait ; il résolut de chercher au plus vite des informations auprès de Mme La Troupe, et de lui demander, sans l’informer de ses intentions, des renseignements sur celui avec qui elle paraissait si familière et qu’il avait lui-même tant intérêt à connaître. Il s’endormit enfin dans