Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
LA FILLE

cette résolution ; mais il n’avait pas reposé une heure qu’il fut éveillé par quelqu’un qui le tirait du bras :

— Stéphane, levez-vous ; diable ! mon ami, comme vous êtes paresseux ce matin ! j’ai pourtant marché et veillé autant que vous et voilà deux heures que je suis debout.

— Eh ! c’est vous, Émile ? dit Stéphane en s’éveillant en sursaut et en se frottant les yeux ; mais qui vous emmène donc si matin ?

— Rien, mon cher, que l’intérêt que je vous porte. Après une entrevue comme celle d’hier au soir, dit malicieusement Émile, vous avez dû passer une nuit agréable, accompagnée d’heureux songes.

— Que voulez-vous dire, Émile ? dit Stéphane en rougissant.

— Ce que je veux dire ? bah, Stéphane, ne dirait-on pas que vous voulez en faire un mystère ? Croyez-vous que je ne me souviens plus de la petite « cocotte » qui vous a si bien « emmiellé » hier, au soir ?

— Mais vous badinez, Émile.

— Point du tout, monsieur le réservé ; je parle très sérieusement, aussi sérieusement que vous agissez.

— Encore une fois, Émile, expliquez-vous.

— Dans l’instant ; dites-moi franchement, mon cher Stéphane, n’est-il pas vrai que la jeune Helmina, la fille de maître Jacques pour parler plus clairement, a laissé dans votre cœur une impression ineffaçable ? n’est-il pas vrai que vous y pensez à tout instant, que vous donneriez beaucoup pour la connaître plus particulièrement ?

Émile fixa Stéphane avec attention.

— Quand cela serait vrai, dit Stéphane troublé, qu’en concluriez-vous ?

— Eh bien ! si cela était, continua Émile avec triomphe, comment appelleriez-vous cet intérêt que vous lui portez, et si cela n’était pas vrai, com-