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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/42

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LA FILLE

Elle suivit Helmina dans sa chambre et demeura auprès d’elle jusqu’à ce qu’elle fût endormie.

Son repos fut assez paisible, seulement de temps en temps elle s’éveillait en sursaut comme si elle eût été sous l’influence de quelque rêve effrayant, ou bien d’une fièvre maligne. Cependant les pulsations régulières de son pouls n’annonçaient rien d’inquiétant, et Madelon en appliquant sa large main sur le front pâle d’Helmina, vit avec plaisir qu’il n’était pas aussi brûlant que lorsqu’elle s’était mise au lit.

Madelon se promit bien de ne pas l’éveiller.

— Vous n’irez pas aux champs aujourd’hui, dit-elle à Julienne, Helmina est trop malade, il faut qu’elle se r’pose, et j’espère qu’elle sera mieux ben vite.

Mais à midi le bruit que Maurice fit en rentrant rompit le sommeil d’Helmina.

— Pourquoi donc vous lever sitôt, ma chère ? dit Madelon en la voyant paraître. Êtes-vous mieux au moins ?

— Oui, Madelon, je me sens très bien, grâce à vos soins ; assez bien pour accompagner Julienne à la promenade. Vous ne l’avez pas oublié, ma chère ?

— Oh non, allez ! dit Julienne ; pourtant si cela allait vous rendre malade ?…

— Ne craignez rien, Julienne, au contraire, je crois que l’air me rétablira parfaitement.

— Prenez garde, lui dit Maurice d’un ton moitié brusque moitié respectueux ; prenez garde, nous en répondrions à maître Jacques.

Après avoir pris quelque chose, Helmina et Julienne sortirent et se trouvèrent bientôt dans les prés fleuris qui avoisinaient leur habitation.

Il y avait à quelques arpents de la maison une espèce de petit coteau fait en forme de pain de sucre, aplati au sommet et tout couvert de petits sapins qui, par leur verdure et l’entrelacement de leurs branches, formaient un bocage assez épais pour empêcher le soleil d’y pénétrer. Ce jour-là la