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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/70

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LA FILLE

Après avoir vidé une bouteille, Stéphane et Émile quittèrent Mme La Troupe.

— Eh bien, Émile, que pensez-vous de tout cela ?

— Rien de bon, mon cher ami.

— Et que pensez-vous de cette liaison entre maître Jacques et Mme La Troupe ?

— Ma foi, dit Émile en riant, c’est vraiment pire que le mystère de l’Incarnation.

— Cet homme revient demain, si j’ai bien entendu.

— Oui, demain à dix heures, sur le marché.

— Écoutez, Émile : j’ai un projet en tête ; il faut que je sache où il demeure ; demain je le fais suivre par Magloire.

— Et que ferez-vous ensuite ?

— Je vous le dirai dans l’occasion, mon cher ami.

Ici nos deux amis se séparèrent ; Émile descendit la côte de la Congrégation et Stéphane suivit la rue St-Louis.

Aussitôt qu’il fut arrivé chez lui, il éveilla, sans faire de bruit, le gros Magloire, qui dormait dans une petite chambre voisine de la sienne, et lui fit signe de le suivre. Comme il était alors de la prudence d’avoir toujours une arme de défense en cas de surprise, Magloire avait déjà saisi sous son oreiller son gros couteau pointu, croyant avoir affaire à quelque voleur.

— Point de bruit, Magloire, lui dit Stéphane, tu n’as rien à craindre ce soir, et Stéphane lui fit avaler la moitié d’un gobelet de “brandy” pour le préparer en sa faveur. Il était bien persuadé que Magloire n’avait pas besoin de cela pour lui rendre service mais il aimait à lui donner cette marque d’encouragement, persuadé que plus d’un serviteur est bien traité, plus il est attaché à son maître.

— Je te demande pardon, mon cher Magloire ; si je t’éveille à une heure aussi avancée, c’est que j’aurais besoin de te parler ce soir d’une affaire qui m’intéresse beaucoup.

— Ah ben ! v’là qu’est drôle, par exemple, dit