— Mais, l’ami, vous ne savez donc pas ?…
— Et que diable, dit Maurice, comment voulez-vous que je sache ?. j’arrive justement de la campagne ; mais qu’est-il donc arrivé ?
— Oh ! si vous saviez !
— J’vous dis que je ne sais rien.
— Une affaire terrible, allez !
— Comment ?
— Tout le canton en a été épouvanté.
— Mais qu’est-ce donc ?
— Si vous saviez !
— Mais j’vous dis que je n’sais rien, encore une fois.
— Ah ! ah ! oui ; eh bien ! imaginez-vous que…
— Eh bien ?
— Imaginez-vous que Mme La Troupe… vous la connaissez ?
— Oui, un peu.
— Cette grande femme-là, qui était si avenante ! eh ! mon Dieu, vous l’avez rencontrée vingt fois pour une ; vous savez bien, c’te femme qui…
— J’vous dis que j’la connais, dit Maurice en maîtrisant autant que possible sa colère ; mais encore une fois qu’est-il donc arrivé ?
— Ah ! monsieur, ce que j’n’aurais jamais pensé, ni moi, ni ma femme, ni mes amis, ni le canton, ni…
— Que l’diable vous emporte avec vos « ni », je vais tâcher de savoir la chose plus vite, dit Maurice en s’éloignant.
— Arrêtez, arrêtez, monsieur ; je n’ai pas eu l’intention de vous fâcher ; c’est que, voyez-vous, c’est une affaire !
Et notre importun se mit à étendre les bras et à les élever au ciel.
— De grâce, monsieur, vous vous lamenterez demain, et contez-moi aujourd’hui…
— Tout d’suite, entrez chez moi ; voyez-vous, j’n’aime pas à conter ça en public, on n’sait pas ce qui peut arriver.