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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/80

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LA FILLE

Maurice le suivit en jurant en lui-même.

— Allons, lui dit-il aussitôt qu’ils furent entrés, je suis pressé, de grâce dépêchez-vous.

— Dans l’instant ; emporte-nous un coup, Lisette : vous en prenez, j’suppose ?.

— Merci, merci, c’est pas la peine, dit Maurice d’un air qui pourtant indiquait assez qu’il n’était pas accoutumé à en refuser.

— Or ça, dit notre narrateur, en reprenant le fil de son histoire, je vous dirai donc que c’te nuit, vers… j’cré ; dame, écoutez donc, j’cré qu’il était bien quatre heures, hein, Lisette ?

— Eh ben ! quoi donc encore ? dit Lisette en mettant sur la table une vieille bouteille française pleine jusqu’au goulot.

— Quelle heure était-il à peu près lorsque Mme La Troupe ?…

— Dame, il était quatre heures.

Oui, oui, c’est ça, quatre heures, et t’nez, j’crois même qu’il n’était pas tout à fait ça.

— Mille tonnerres ! que fait l’heure ? dit Maurice en enrageant, mettez celle que vous voudrez et avancez, ou, sur mon âme, je…

— Oui, supposons qu’il fût quatre heures ; nous dormions bien tranquillement, ma femme et moi, car vous savez, monsieur, que le sommeil du matin est toujours le meilleur ; j’ai toujours remarqué cela ; c’est singulier, mais…

— Mais vous n’avancez à rien, mille millions de pies ! dit Maurice en fermant les poings.

— Tout d’un coup, ma femme qui dort moins dur que moi, et puis j’vous dirai en passant qu’c’est toujours l’ordinaire, et si vous êtes marié, monsieur, vous en direz autant que moi ; je n’sais pas, mais j’ai toujours entendu dire que…

— Je veux que « l’siffleu m’étouffe » : si vous n’achevez pas, je « fiche mon camp », dit Maurice en se levant.

— Tout d’un coup donc, continue notre homme,