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LA FILLE

pour vos raisons ? » Oh ben ! tenez, monsieur, voilà le pire de l’affaire qui va s’montrer !

— S’il met autant d’temps à venir que l’reste, dit Maurice, préparez-moi un lit, car j’vois bien que je serai obligé de coucher ici…

— Alors le maître nous dit… mais, monsieur, je n’ai pas fait venir c’te bouteille-là pour rien.

Et Johnné fit signe à Maurice de s’approcher ; il ne se fit pas prier.

— J’vous assure, monsieur, dit Johnné, qu’j’aime à prendre queuqu’chose quand j’conte une histoire comme ça ; ça m’dégoûte… J’vous disais donc que le maître de la patrouille nous dit que madame La Troupe devait être complice avec les voleurs, puisqu’elle les recevait à toute heure dans la nuit ; « et pour vous convaincre, ajouta-t-il, mes braves (il voyait ben à qui il avait affaire, allez), je vais faire une visite avec vous dans l’auberge. » Nous entrons, moi, monsieur le maître, deux de mes amis et un « watchman ». Mme La Troupe était dans l’Comptoir avec sa petite fille qui pleurait à fendre le cœur du gros Jim. Nous nous mettons à fouiller et à refouiller partout, fouille, fouille, fouille, et puis fouille donc, tonnerre ! sans trouver aucun effet ; le grenier, la cave, rien ne fut épargné ; madame La Troupe nous r’gardait faire sans rien dire. Enfin nous étions près de tout abandonner lorsqu’un homme de la patrouille nous cria en sortant de la cave : « Venez, venez voir. » Nous suivons c’t’animal, et il nous montre dans le mur une espèce de porte que nous n’avions pas encore remarquée. Jugez d’not’surprise lorsque après avoir forcé la serrure, on vit six grandes tablettes fixées dans la pierre surchargées d’argenterie ; c’étaient des chandeliers, des grands plats, des belles assiettes, des beaux bassins tout d’argent, et l’diable et son train.

Vous pouvez compter si ça m’donna un coup ; madame La Troupe qu’avait toujours passé pour si