Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/104

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gosier de leurs compagnons ou compagnes, et de quelle manière leur langue tient à leur palais, tant qu’ils se préparent à la prononcer. Il s’en trouve pour lesquels il faut y revenir trois ou quatre jours de suite ; mais je prie qu’on se souvienne surtout qu’il faut prendre garde de les rebuter.

Quand on voit qu’ils s’impatientent ou qu’ils se découragent sur une lettre, il faut passer à une autre : peut-être qu’une heure après ils diront tout d’un coup celle qu’on a été obligé d’abandonner ; alors il faudra la leur faire répéter plusieurs fois de suite. Il arrive aussi quelquefois qu’en voulant leur faire prononcer une syllabe qu’on leur montre hic et nunc, ils en prononcent d’eux-mêmes une autre qu’on ne leur a point encore apprise. J’en ai trouvé, par exemple, qui, pendant que je voulais leur faire dire pour la première fois cha, ont prononcé d’eux-mêmes qua ; il faut alors écrire qua, qué, qui, quo, cu, et leur faire répéter plusieurs fois : c’est autant de peine épargnée pour le maître.

Les petits sourds-muets éprouvent assez long-temps de la difficulté à prononcer le ca, s’ils ne mettent pas le doigt dans leur bouche pour disposer leur langue, comme elle l’est