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ARTICLE II.
Sur les syllabes composées de deux consonnes et d’une voyelle.

Les sourds-muets n’ayant eu, dans leurs premières leçons, que des syllabes dont la prononciation était absolument indivisible, lorsque nous leur en écrivons qui commencent par deux consonnes, et qui exigent par conséquent deux différentes dispositions de l’organe avant la prononciation de la voyelle qu’elles précèdent, cette opération souffre de la difficulté.

Ainsi nous écrivons pra, pré, pri, pro, pru ; mais les sourds-muets ne manquent point de dire peura, peuré, peuri, peuro, peuru. Pour corriger ce défaut, nous leur montrons qu’ils font deux émissions de voix, et que nous n’en faisons qu’une. Nous leur faisons mettre deux doigts de leur main droite sur notre bouche, et deux doigts de leur main gauche sur notre gosier : ensuite nous prononçons comme eux, très-tranquillement peura, peuré, peuri, etc., en comptant avec nos doigts une et deux, à mesure que nous prononçons chacune de ces syllabes, et nous les avertissons que ce n’est point comme cela qu’il faut faire.