CHAPITRE III.
Les sourds-muets n’ont appris à prononcer nos lettres, qu’en considérant avec attention quelles étaient les différentes positions de nos organes à mesure que nous prononcions très-distinctement chacune d’elles ; ils ont compris qu’ils devaient faire en second ce qu’ils nous voyaient faire avant eux. Nous étions le tableau vivant à la copie duquel ils s’efforçaient de travailler ; et lorsqu’ils y réussissaient avec notre secours, ils éprouvaient dans leurs organes une impression très-sensible, qu’ils ne pouvaient confondre avec celle que produisait une autre position des mêmes organes.
Par exemple, il leur était impossible de ne pas voir de leurs yeux, et de ne pas sentir dans leurs organes que le pa, le ta et le fa y opéraient des mouvemens bien différens les uns des autres. Lors donc qu’ils apercevaient ces différences de mouvement sur la bouche des