Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/22

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faut qu’une cause si déplorable ait réellement exercé cette funeste influence ; il est même douteux que le nombre des sourds-muets soit aujourd’hui beaucoup plus grand que par le passé. Mais depuis que les succès obtenus dans leur éducation ont prouvé qu’ils ne diffèrent des autres hommes que par les préjugés qu’ils n’ont point, et dont notre enfance est imbue, les parens n’ont plus rougi de leur avoir donné le jour, et les sourds-muets ont paru sans honte, et même avec quelqu’honneur, dans la société, pour partager les jouissances qu’elle offre et les charges qu’elle impose.

Ainsi l’art d’instruire les sourds-muets, qui achève l’œuvre imparfaite du Créateur, réhabilite dans toute la dignité de l’homme ces infortunés que l’opinion plaçait en quelque sorte au-dessous de la brute, et rend à la religion et à la société tant d’êtres qui semblaient pour toujours condamnés à ignorer les consolations de l’une et les douceurs de l’autre ; cet art si touchant dans son but, si brillant dans ses résultats, ne fait pas seulement le bonheur de ceux qu’elle éclaire du flambeau de l’instruction ; ses effets bienfaisans se sont étendus sur tous les sourds-muets, en arrachant à la proscription la plus injuste, cette classe intéressante