Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/21

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nement brillait dans tous ses traits son âme tendre et expansive ; aucune autre âme ne s’ouvrait à ses effusions. Son esprit curieux cherchait partout la lumière, et partout ne rencontrait qu’un voile impénétrable, qu’aucune main ne tentait de soulever. Lorsqu’autour de lui tout respirait le bonheur, le malheureux n’avait en partage que de vains désirs et des regrets superflus. Tous les sentimens les plus vifs, refoulés dans son sein, allumaient ses yeux d’un feu sombre, qui, imprimant à son aspect une sorte d’effroi, achevait de lui fermer les cœurs, et faisait taire à son égard tous les sentimens, jusqu’à la tendresse maternelle. On le regardait presque comme un être d’une espèce différente. Il restait confondu avec les insensés ; d’autant plus à plaindre, qu’il sentait toute l’horreur de son sort.

On rencontrait alors peu de sourds-muets ; et il semble que le nombre de ces infortunés se soit accru depuis que leur sort s’est amélioré. Une philosophie chagrine ne manquerait pas d’en trouver la cause, dans la dépravation des mœurs toujours croissante, dirait-on, et qui, corrompant, à sa source même, le principe de la vie, fait porter aux enfans la peine de l’inconduite de leurs parens. Mais il s’en