Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/36

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leurs discours sont toujours fatigans et monotones[1].

D’un autre côté, leur habileté à lire les mots dans le mouvement des lèvres, ne va jamais jusqu’à leur faire comprendre un discours suivi. Aussi les voyons-nous toujours (et d’autant plus qu’ils sont plus instruits) préférer de s’entretenir par gestes ou même par écrit. Ce serait donc bien peu de chose que l’éducation des sourds-muets, s’il ne s’agissait que de leur rendre la faculté purement mécanique de la parole. Mais de quelle utilité leur serait-ce, dans le commerce de la vie, de prononcer les mots et les phrases confiés à leur mémoire, s’ils n’en avaient une parfaite intelligence ? et comment leur en faire connaître la valeur exacte ? Les noms des objets sensibles n’offrent point de difficultés, puisqu’en donnant le mot, on peut indiquer l’objet qu’il représente ; mais ce qu’on ne peut montrer du doigt, ce qui ne tombe pas sous les sens, comment le leur enseigner ? comment franchir l’espace qui sépare les idées physiques des notions purement intellectuelles ? Sera-ce avec des définitions ?

  1. Ils poussent aussi généralement des accens désagréables et pénibles ; mais ce défaut provient, le plus souvent, de la mauvaise méthode du maître.